jeudi 7 août 2014

La Bolivie ça vous gagne !

Nous en sommes déjà au Pérou et je suis très en retard dans l'actualisation du blog et l'écriture des articles. Trop de choses à voir, à découvrir, ma tête est sans arrêt plongée dans toutes les merveilles qui m'entourent.
Commençons donc par le commencement : La frontière entre Argentine et Bolivie. Côté Argentin la ville s'appelle La Quiaca, côté Bolivien c'est Villazon. Nous arrivons à La Quica vers 18h, la nuit commence à tomber comme je vous l'ai déjà dit nous trouvons un hostel assez rapidement (avec plus ou moins la wifi). Nous partons faire deux trois courses pour notre dîner du soir. Les hommes nous dévisagent, la ville est lugubre et pauvre mais les hommes roulent en voiture que même à Paris je n'ai rarement l'occasion de voir ; vitres tintées, petite figurine argentée à l'avant du parchoc, couleurs mat, et musique ultra forte. Heureusement que Pato a décidé de nous accompagner au supermarché car je ne sais pas si nous y serions arrivées un jour… Seulement des hommes fourmillent dans cette ville, aucune trace de femmes, nous sommes les seules dans cette ville masculine. Même harnaché de vêtements larges et sans formes chaque voiture qui passe ralentit à notre présence.
Nous achetons un paquet de pâtes, trois tranches de jambon, un petit pot de crème, un après shampoing (car avec l'altitude tout se dessèche même vos cheveux) et nous en avons pour 20 EUROS ! Les courses les plus chères de toute l'histoire des courses de l'humanité.
Le lendemain nous passons la frontière et prenons un mini bus pour nous rendre à Tupiza, petit village perché a 2950m au milieu de montagnes rouges , c'est ici que nous quittons les garçons, difficile de dire aurevoir mais ils n'ont pas les moyens de faire comme nous le trip de 4 jours en 4x4 jusqu'au salar d'Uyuni.
Nous cherchons désespérément un hostel (que nous ne trouverons jamais car tout est complet), nous nous retrouvons dans un hôtel désert pour 40 bolivianos (environ 4 euros) avec une wifi très correcte. 
Le lendemain nous avons rendez vous à 7h pour commencer le tant attendu trip de quatre jours, nous serons 4 et nous ne connaissons pas encore nos deux autres coéquipiers.
Réveil difficile à 6h, le temps de prendre une douche, avaler un petit dej et partir devant l'agence. Un surprise inattendue nous attend au moment du check out, personne n'est présent… Nous appelons une fois, une deuxième puis une troisième et décidons donc de nous en aller sans payer, car notre temps est compté…
Une fois installées dans la Jeep nous rencontrons Victor (Français de 29 ans, journaliste) et Amy (Américaine de 25 ans anciennement installée au Japon pour y enseigner l'anglais) avec qui nous allons partager nos prochaines 96 heures. Nous rencontrons Milton (chauffeur et guide) et Paty (cuisinière, dont l'histoire nous à tous énormément ému) je vous en ferais part un peu plus tard dans l'article, au moment venu.
Nous partons vers 8h, premier arrêt dans le canyon de Tupiza, les montagnes changent de couleurs d'une minute à l'autre, les cactus nous entourent, la poussière vole au passage de la jeep, les couleurs se mélangent du bleu pour les montagnes de l'arrière plan, du rouge, de l'orangé, le vert des cactus… Une merveille !




Nous continuons notre route et  ;                      
nous nous retrouvons dans un champ de lamas et d'ânes, de petits pompons de couleurs ornent leurs oreilles afin que les propriétaires puissent reconnaitre leurs troupeaux. Ici pas de barrières, de barbelés ou d'enclos les lamas sont libres d'aller et de venir à leur guise.



 Nous continuons notre route sur les chemins sinueux de la montagne. Il vient vite l'heure du déjeuner, nous nous arrêtons dans un petit village oublié, les lamas y déambulent sans se préoccuper de la présence humaine. Ils sont les habitants du village, plus que les hommes casi inexistants.





Dans l'après midi nous visitons un village en ruines, d'après la légende après l'invasion espagnole le village aurait été envahit d'un mal qui tuait les uns après les autres les habitants en frappant à leur porte. Les villageois auraient fuit à quelques lieux en laissant tout tel quel afin d'éviter une mort lente mais certaine.
Ce qu'il y a de stupéfiant, même des années plus tard, parmi ces ruines tout est reconnaissable, les petites maisons, l'église, l'école…
On s'imagine très bien la vie de ces gens qui ont disparu du jour au lendemain pour ne laisser derrière eux qu'un village fantôme.





Nous reprenons la voiture, pour quelques heures, nous traversons toute sorte de décors secs, de l'herbe brulée par les puissants rayons du soleil,  des étendues de roches, des parcelles recouvertes de neige, ainsi qui des ruisseaux gelés ou pas, la montagne quant à elle ne s'échappe jamais du paysage. 
Le soir nous dormons (pour ceux qui y arrive) dans un refuge prévu pour les visiteurs de cette région stupéfiante. La journée est fraiche, mais une fois la nuit tombée le vent glacé s'introduit partout, les températures chutent d'une vingtaine de degrés, le froid est sec et s'introduit dans votre corps, fait trembler vos os. Une sensation du froid qui nous était alors étrangère et à laquelle nous aurons bien du mal à nous habituer.
Marine ne dormira pas cette nuit là, malgré ses deux sacs de couchage, ses quatre couvertures, sa doudoune et ses cinq pulls sont corps ne viendra jamais à bout de ce froid tenace.
Amy quant a elle prise du mal des montagnes a finit par sombrer dans un sommeil profond, Victor et moi n'avons pas eu de problème après quelques minutes nous avons réussi à nous lover dans une tanière confortable et dormir jusqu'au lendemain.
Réveil à 8heures, petit déjeuner revigorant, café chaud, quelques tartines et c'est repartit pour de nouvelles découvertes.
Aujourd'hui c'est la journée des lacs, le premier qui en réalité n'est pas vraiment un lac mais plutôt une étendue de poudre blanche (le borax) qui est exploité pour la fabrication de lessive et exporté en grande partie vers l'Europe et le Chili. 



Le deuxième est un lac à forte concentration de Soudre mais nous n'aurons pas les désagrément de l'odeur car il est complètement gelé. Pour la première fois, j'aperçois des flamands roses, rêve d'enfant exaucé (avis aux contestataires : un flamand rose au zoo n'est pas vraiment voir un flamand rose…).





Troisième lac de la journée, un lac bleu turquoise au pied d'une montagne.



Puis pour achever cette demi- journée nous rejoignons les sources d'eaux chaudes. Le vent étant glacé nous hésitons un peu à nous déshabiller, dotées de force et courage nous finissons par quitter nos habits pour la chaleur de cette source naturelle. 
L'eau est en effet très chaude mais quel délice ! Nous restons presqu'une heure à barboter et à contempler la vue qu'offre cette source.




Nous rejoignons Victor et Amy qui nous attendaient patiemment pour déjeuner, Paty nous a préparer des lentilles que nous engouffrons en un rien de temps (l'air de la montagne ça creuse, dit-on !).
Puis nous repartons, tous les six de bonne humeur après toutes ces belles oeuvres de la nature. Le ventre plein Marine se laisse bercer par les mouvements de la jeep, et s'endort. Toujours ébahie par ces splendeurs, mon appareil photo en main près à être dégainé (appelez moi lucky luke), je ne quitte pas du regard ce paysage qui défile sous mes yeux écarquillés.
Nous arrivons dans la vallée des geysers, jamais je n'avais pu observer une telle chose. De grands cratères crachent de puissantes vapeurs gorgées de souffre, d'autres plus petits se contentent d'exhiber des bulles de boue grisâtres. 




Un spectacle lunaire à couper le souffle.
Je m'assoie, ces deux derniers jours m'ont offert un spectacle auquel je ne m'attendais pas, je ferme les yeux et me laisse envahir par l'odeur et par l'atmosphère de cet endroit. Après ces premiers pas sur la lune je me sent pleine d'énergie et totalement reposée.



Avant de retrouver notre auberge du soir, nous assistons à la parade des flamands roses au bord d'un lac de la même couleur, dans un capharnaüm complet, ils agitent leur tête de haut en bas, un moment de légèreté qui clôt cette journée riche en émotion.




Ce soir là, nous dormirons dans un village qui génère son électricité par l'énergie solaire, à 21h c'est extinction des feux pour tout le monde, en sortant fumer ma cigarette je découvre le plus beau ciel de mon existence. J'appelle Marine qui hésite un moment avant de pointer le bout de son nez dans ce froid rigoureux… Après quelques minutes à observer ce firmament, la plus extravagante étoile filante (peut être était ce une comète), vient perforer ce ciel et nous laisse médusées, aucun mot ne ressortira de notre bouche jusqu'au lendemain.
Levé 7h, Marine a finalement réussi à dormir cette nuit là (le spectacle de la veille et les quelques nouvelles épaisseurs ont du y être pour quelque chose), en aidant Milton à hisser nos sac sur la jeep, j'aperçois des nuages colorés. Une espèce d'aurore boréale en plein jour… 


Décidément la Bolivie recel de surprises !
Nous repartons pour notre avant- dernière journée, ce soir nous dormirons à la lisière du salar d'Uyuni (le fameux désert de sel).
Moi qui pensait avoir fait mes premiers pas sur la lune hier j'étais loin de me douter de la journée qui m'attendait…
Nous entrons en terre volcanique, sable foncé, roche brune, ciel cobalt, le désert de Dali comme l'appel fièrement les Boliviens. La roche affiche un esthétique irréaliste.





Nous continuons pour un nouveau lac, je n'aurais jamais autant assouvis mon désir d'enfant, les flamands rose volent autour de nous, cette fois ci nous sommes très proche.




Nous déjeunons au pied de la montagne, marchons jusqu'au volcan (tristement nous en restons assez loin), mais un volcan en activité ce n'est pas tous les jours que nous pouvons assister à quelque chose comme ça.



Plus nous avançons plus le paysage s'assèche, plus le froid ce fait ressentir, nous nous arrêtons au milieu du petit salar, où passe un train de marchandise, 



quelques photos et nous repartons pour rejoindre notre dernière auberge, cette dernière est entièrement construite en sel.
Brique, lit, ciment, tables, sol, chaises, toits tout n'est que salin. Ce soir nous pourrons prendre une douche chaude (première depuis trois jour), elle est un peu effrayante, mais pas le temps de s'arrêter sur ce détail, se laver nous fait tous rêver.



Ce soir, est notre dernier soir, nous rions tous les 6 comme des enfants, à un moment j'explique ma déception car ce n'est pas la saison des pluies (sachez que pendant la saison des pluies le salar n'est qu'un immense miroir, le ciel domine tout l'espace autant au dessus de votre tête, que sous vos pieds. Une merveille qu'il est rare de pouvoir admirer).
La mine de Paty se décompose elle m'explique, que la saison des pluies est la pire pour le salar, et qu'il est aujourd'hui interdit d'y circuler en Jeep car extrêmement dangereux. Je ne comprend pas où veut-elle en venir,
Comme la pluie dans le salar créait un miroir sans fin il y est extrêmement facile de s'y perdre, si vous vous y perdez vous n'avez que peu de chance d'être retrouvé… La salar à une superficie de 10 600 m2 (1/3 des réserves de lithium exploitable de la planète repose ici), au bout de celui ci il y a ravins, montagnes, ville… Paty de sa petite voix tremblotante nous a raconté son histoire, il y à 4 ans, comme chaque semaine elle part avec 4 touristes et un conducteur pour le salar d'Uyuni, cuisiner pour la petite troupe. Nous sommes en février, c'est la saison des pluies. Comme nous le trip devait durait 4 jours, le salar est inondé, c'est partit pour un itinéraire rigoureux, or le conducteur se perd, ils vont tous rester coincés 3 jours au milieu de ce désert sans fin, étant à la fin du voyage il n'y a presque plus d'eau et quasiment pas de nourriture… Paty explique qu'ils ont essayé d'avancer tout droit mais ils avaient peur de tomber dans un ravin, la seule chose qu'ils voyaient était le reflet du ciel devant eux. Le conducteur a finit par s'arrêter. La première nuit fut terrifiante, les touristes hurlaient… Imaginez vous là bas coincé entre l'immensité du salar et l'étroitesse de la Jeep trois jours entiers sans savoir si quelqu'un passera assez près de vous... Sachant que l'itinéraire n'a pas été appliqué et que par conséquent les chances d'être retrouvé sont infimes. 
Un premier appel à été passé à l'agence qui a décliné toute responsabilité (pas les moyens d'envoyer un hélicoptère, et impossible d'envoyer un autre 4x4 au casse pipe). L'une des passagère avait un lien de parenté avec Hugo Chavez (ancien président vénézuélien et accessoirement fils de satan...), qui a pu user de son pouvoir en faisant quelque chose de bien (pour une fois) et envoyer un hélicoptère survoler le salar pour retrouver la voiture égarée.
Après trois longues journées remplies d'espoir, d'angoisses, et de prières l'hélicoptère finit enfin par trouver la voiture, et pu secourir en premier seulement 4 personnes, quelqu'un devait rester une nuit de plus seul dans la jeep. Le conducteur (sacré enfoiré), ne ceda pas sa place, Paty resta donc une nuit de plus seule dans la Jeep. Le lendemain matin l'hélicoptère vint finalement abréger ses souffrances. Elle put retrouver ses deux filles qui étaient mortes d'inquiétude… Chaque années des jeep se perdent dans le salar et ne sont malheureusement jamais retrouvées à tant… Depuis un an l'accès au salar est interdit aux Jeep par temps de crus.
Suite à cette histoire nous restons tous les 4 sans voix, Paty à elle les larmes aux yeux, rien qu'à évoquer cette histoire sa voix c'est brisée et ses mains ce sont mises à trembler. Elle nous confie qu'après 20h de calvaire, personne ne pensait sortir vivant de cette voiture, d'abord secrètement et ensuite publiquement les nerfs de chacun cédaient et rendaient l'attente des autres encore plus pénible.

Paty

Nous sommes tous finalement très heureux d'être en saison sèche.
Après une expérience telle que celle ci, il est extrêmement courageux de sa part de continuer à venir sur les terres dont elle cru ne jamais pouvoir en revenir.
Tout le monde à sa propre histoire, la sienne restera à jamais graver dans ma tête.
Après ce dernier diner riche en émotions, nous allons nous coucher dans notre lit de sel, demain nous nous réveillerons à 4 heures, nous allons voir le lever du soleil au milieu du salar.
Le réveil est difficile, nous déjeunons dans le silence. Tous un peu anxieux de part l'histoire de la veille. Nous prenons la voiture, et roulons à travers cette immensité blanche, nous comprenons à quel point il doit être facile de se perdre. Tout est plat, blanc, rien à l'horizon n'aide à se repérer, seul la vitesse à laquelle défile le sol nous indique que nous avançons bien. Après 30 bonnes minutes nous nous arrêtons au milieu du désert, à l'extérieur de la Jeep il fait -15°C, je m'arme de mon appareil photo et vais m'assoir un peu plus loin, j'aime ces moments de solitude, Amy sort avec moi et s'écarte elle aussi de la Jeep. Je m'assois, les autres sont restés au chaud pour attendre que le soleil sorte le bout de son nez.



Il fait si froid que je suis obligée de glisser mes doigts dans mes poches, le ciel s'éclaircit petit à petit, et prend une teinte bleutée, des montagnes roses se dessinent à l'horizon, c'est époustouflant !



 Le soleil perce et diffuse vite sa chaleur dans ce ciel froid. Une fois ce spectacle terminé nous partons pour l'île au corail d'Incahuasci, elle est recouverte de centaines de cactus dont le plus haut atteint 12m (cette espèce de cactus grandit d'environ 1cm/an).




Nous prenons notre petit déjeuner au pied de l'Ile, et repartons pour le milieu du salar afin de faire les fameuses photos en perspective.



Nous faisons un arrêt obligatoire sur l'ile aux drapeaux (oui, oui, nous sommes de vrais touristes), puis il est temps de se rendre au village d'Uyuni, ville de fin de ces 4 merveilleux jours, où nous ne prévoyons pas de rester une nuit car l'intérêt de la ville se résume seulement à son salar.
Quand nous arrivons aux portes de la ville des manifestants bloquent l'accès, ni une ni deux nous sautons hors de la voiture pour manifester avec eux, ils manifestent pour avoir un terminal de bus, car ici tous les départs et arrivées se font sur la route principale. Marine au pied de guerre enroulée dans un drapeau Bolivien, se voit transmettre un bâton de dynamite, effrayée elle s'allonge à plat ventre. Qu'est ce que j'ai rit, j'ai une vidéo de la scène je vous la partagerait avec grand plaisir !
Grâce à tout ça nous arrivons à percer cette barrière humaine, pour rejoindre la ville. 
Petite ville grise et sale, les boliviens sont froids et distants, ce qui  nous surprend après l'hospitalité des Argentins.
Nous nous renseignons pour les bus afin de rejoindre directement Potosi, hélas la grève ne nous permet pas de quitter la ville aujourd'hui. Personne ne peut ni entrer ni sortir de la ville, encore moins les bus qui se font caillaser à chaque tentative de sortie.
Une nuit de repos ne nous fera pas de mal, nous nous installons dans un petit hostel aux allures de prison, nous nous lèverons tôt le lendemain pour prendre un bus. 
Ce qui n'arrivera pas car nous resterons coincés trois long jours dans cette ville où il n'y absolument rien à faire. Le boliviens profiteront de cette aubaine pour augmenter les prix de la nourriture, du logement, d'à peu près tout ce que les touristes achètent ou consomment.
Nous sommes des rats piégés dans un labyrinthe sans issue. 
Chaque soir de nouveaux arrivants se joignent à notre table, nous faisons des tablées d'une vingtaine  de touristes esseyant de nous changer les idées. Nous rencontrons un couple qui ont un vol deux jours plus tard de La paz, ils ont offert à un taxi 1000 bolivianos pour quitter la ville, celui ci a décliné car trop dangereux.
Après trois jours d'exaspération, il nous faut trouver une solution, nous découvrons que depuis ce matin des Jeep passent par la montagne pour emmener les touristes à Potosi, seul hic, ils demandent 40 DOLLARS par tête.. Nous nous résignons, mais en fin de journée nous décidons de payer, car rester dans cette ville où les prix augmentent d'un jour à l'autre ou payer nous reviendra au même.
Nous partons vers 16h, nous sommes cinq (Victor, Marine et moi), ainsi qu'un couple équatoriens qui n'ont que trois semaines de vacances et qui n'ont en outre pas tellement d'autres choix.
Nous nous perdons dans la montagne, aucun chemin, nous traversons des champs de coca (où les boliviennes travaillent le dos vouté afin de ramasser les petites feuilles) pendant trois heures, à plusieurs reprises nous devons descendre de la voiture car la pente est raide et dangereuse… 
Nous finissons finalement par trouver la route bitumée, au plus grand soulagement de chacun mais surtout à celui du conducteur qui ne respirait plus ces dernières trente minutes.
Nous arrivons à Potosi dans la nuit, moi qui m'imaginais un petit village me voilà plongée dans une ville qui se propage sur deux versants de montagnes. 



Nous trouvons une auberge de jeunesse (que nous surnommeront le "bateau"), complètement biscornue, digne d'un film de miyasaki, l'édifice tangue vers la droite, à l'intérieur des plantes dégoulinent, deuxième étage, la coursive court tout le long de ce drôle de bâtiment, le parquet craque, les escaliers manquent de se rompre sous nos pas, rideaux et tapis, et canapés des années 60's décorent la grande pièce, un vieux téléviseur trône au milieu de nul part, les petites chambres abritent de mauvais petits lits aux matelas d'une finesse surprenante. Nous y resterons trois jours et deux nuits. La ville est jolie, nous nous y perdons, découvrons monastères, vieilles écoles et temples. Victor lui découvre avec joie les bactéries Boliviennes et reste au creux de son lit malade.
Nous rencontrons Romane, vite apperçue à Uyuni qui héberge dans la même auberge que nous. Nous décidons de partir tous ensemble le lendemain matin à Sucre.
Sucre est un grand dépaysement on se croirait dans une ville de la côte d'azur, rien de comparable aux petites rues biscornues et colorées au milliers de fils électriques ici et là de Potosi.
D'immenses palmiers arborent le place principale, le palais de justice et la basilique sont d'un blanc immaculé, les boliviens ont l'air d'Européens et pour la première fois depuis bien longtemps nous avons chaud, les rayons du soleil nous caressent le visage, sous mon gros pull et ma mochilla des gouttes de sueurs coulent le long de mon dos, quel délice !
Nous avons entendu parler d'une auberge où nous nous rendons déterminés. Le gérant est allemand il parle un espagnol avec un accent à couper au couteau, nous ne savons pas bien si il nous parle espagnol ou bien un espallemand, difficile à dire… L'anglais est d'usage.
Il nous explique que nous pouvons rester mais deux nuits minimum, Victor, Marine et moi acceptons quant à Romane elle préfère aller loger ailleurs. Nous nous donnons rendez vous le soir pour aller diner tous ensemble. 
Victor retrouve son lit, qu'il ne quittera pas avant le lendemain soir (à part pour des aller retours aux toilettes…). 
Marine et moi partons nous balader (j'ai oublié de vous dire que depuis Tupiza impossible de me rappeler de mon code de CB, drôle d'histoire, j'ai tout de même utiliser ma carte 3 mois à Buenos Aires, mais là trou de mémoire extrême, impossible de me rappeler. Au début j'ai changé les maigres euros qu'il me restait en liquide, puis Marine m'a bien aidé…), donc nous partons nous balader dans l'optique de trouver un distributeur qui accepte l'American Express pour que je puisse me dépanner et rembourser Marine le temps d'obtenir mon nouveau code. Sauf que nous sommes en Bolivie et que l'Amex ils ne connaissent pas…
Nous découvrons un immense marché de fruits, légumes, fromages, viandes… Le bonheur !
Nous décidons d'acheter avocat, tomates, fromages de chèvre frais, et des fruits pour notre repas du midi, au gré des stands les marchands nous font découvrir les spécialités locales comme ce fruit le "chimoya" au gout étonnamment sucré et à la sympathique odeur de vomi (comme la papaye), mais délicieux.
Nous repartons les bras chargés de douceurs (il aurait fallu que l'on s'en délecte encore plus, vu ce qu'il nous attendait pour les prochains jours…).
Le soir nous allons boire un verre avec Romane puis nous rentrons nous coucher, les lits sont bons, nous nous endormons comme des enfants après une grosse journée.
Le lendemain coup de théâtre, Marine a dépassé son plafond du mois et ne peut elle non plus tirer de l'argent. A nous deux il nous reste à peu près 7 euros. Nous nous baladons dans la ville et nous achetons un sachet de riz pour faire des économies (c'est ce que nous mangerons midi et soir pour les 6 prochains jours). Nous rencontrons les voyageurs de l'hostel, et passons notre journée à profiter du soleil qui avait disparu de nos vies depuis quelque temps. Le soir Victor finit par émerger, nous restons tous les trois, il offre bières, oignons et poulet afin de faire un risotto avec poulet au curry. Nous formons tous les trois un chouette trio, nous nous entendons à merveille et rions à s'en faire mal aux abdos jusque tard dans la nuit.
Le lendemain, Victor est censé nous quitter mais la maladie prend le dessus et décide de rester ici avec nous (nous ne pouvons pas quitter la ville car nous n'avons pas les moyens de nous offrir un billet de bus et encore moins de payer l'auberge).
Nous passerons la semaine tous les trois à refaire le monde, nous reposer, rire aux corneilles et nous balader.
Un soir nous rencontrons Tim et Matt deux anglais, eux aussi brièvement croisés à Uyuni. Ils voyagent depuis 6 mois, ont fait l'Asie, l'Australie et sont arrivés au Chili un mois plus tôt. Ils partent le lendemain pour La Paz.
Le jour d'après, alors que nous nous baladions dans la ville, un manifestation éclate, munie de mon argentique et Marine de l'Iphone nous prenons des milliers de clichés, les boliviens au début réticents se sont mis à poser et à nous mener aux spots les plus adaptés. Ils ont mis le feu dans les rues, lancent des dynamites un peu partout, après Uyuni nous avons pris "l'habitude" d'entendre des explosions, qui au début me faisaient sursauter à chaque fois. Des militaires ce sont postés tout autour des manifestants armés jusqu'aux dents.
Ici ils manifestent pour une usine de ciment, il n'y en a qu'une et elle appartient au gouvernement, quand on questionne les boliviens pour la raison de la manifestation les réponses ne sont jamais les mêmes, il y a en tout cas beaucoup de problèmes. Le problème ici, c'est que le gouvernement ne se pose pas trop de questions, si les manifestations deviennent trop intenses ils tirent dans le tas...
L'un d'eux nous explique que demain ils ferment la ville, gros blocus pour que l'impact soit plus fort, plus personne ne pourra ni entrer ni sortir de la ville… Ni une ni deux nous le remercions et décidons d'aller packer pour ne pas répéter l'histoire et rester bloqués, Marine essaie de retirer, miracle cela fonctionne !
Nous partons le soir même, nous nous renseignons pour Cochabamba (à quelques km de la ville se trouve une réserve naturelle sublime), mais la ville est elle aussi bloquée, nous irons donc directement à La Paz. Nous retrouvons Tim et Matt dans le bus, qui deux minutes plus tard loupaient leur bus. C'est partit pour 11h de bus, cette nuit là nous aurons froid comme jamais et nous ne pourrons pas fermer l'oeil de la nuit, nous nous tournons et retournons dans tous les sens afin de nous réchauffer mais nous n'y arriverons jamais..
Nous arrivons à La Paz le lendemain matin heureuses d'abréger nos souffrances, Victor qui était de nouveau malade a dormi comme un bébé, pour une fois nous l'avons envié.
Pato (l'argentin rencontré en Argentine avec qui nous avons voyagé) est là il nous a fait la surprise de venir nous chercher. Cette ville est immense et est connue pour ses dangers. Ce weekend là il y a la "fiesta del poder" grande fête de rue, toute la ville est bloquée, les danseurs aux milles couleurs défilent dans les rues sous la musique rythmée des trompettes et des tambours.



La semaine suivante nous décidons de faire le fameux "camino de la muerte" (route de la mort) avec des français rencontrés à l'auberge. Nous décidons à l'unanimité de prospecter les agences les moins chères, nous trouvons en fin de journée une agence qui nous y emmène, loue les vélos et l'équipement pour 280 bolivianos (environ 28euros). La plupart des gens paient entre 350 et 500, nous avons l'impression de faire une affaire !
Le lendemain lever 6h30, nous devons être à 7h sur place. Nous partons tous les cinq pour notre journée à sensations. Nous montons pendant une heure dans la montagne, el camino de la muerte n'est qu'une éternelle descente. Ce jour là il ne fait pas beau, la pluie et le brouillard ont envahit les lieux, impossible de voir les précipices à notre gauche.
Préparations ; nous enfilons "maillots" de cyclistes, pantalons , casques, jambières et coudières et nous écoutons les consignes du guide. Il faut rouler à gauche, suivre le guide à l'avant, un guide fermera la route en cas de problème à l'arrière. Marine et moi tremblons un peu dans notre équipement. La première étape est 15km sur route bitumé, nous nous élançons et fonçons à toutes vitesses. C'est à ce moment là où nous regrettons de ne pas avoir payé un peu plus cher, les vélos sont d'une qualité médiocre, ils tremblent sous la vitesse et n'accuse aucunement les chocs, l'absence de suspensions est un problème, surtout que nous allions descendre ensuite 40km sur une route de terre large d'environ 2,5m…
A la fin de l'asphalte dernier briefing, bien rouler à gauche car camions et voitures grimpent la montagne à droite, ralentir à chaque virage pour ne pas percuter de voitures, à notre gauche se trouve le précipice, nous sommes à 5000m d'altitude imaginez vous la descente aux enfers si vous tombez…
C'est parti au début pas très rassurées mes doigts crispés sont accrochés à mes freins, puis à force de virages et descentes mon corps se détend et l'angoisse laisse part au plaisir. Nous sommes les deux dernières mais nous allons vite, à chaque pose le guide est étonné. Nous sommes très fières et continuons à descendre la montagne, le vélo tremble sur les pierres mais nous avons compris comment gérer ce vélo d'occasion, de temps à autre de fous furieux nous doublent à droite à une vitesse très peu raisonnable, le danger c'est que finalement ce n'est pas aussi dangereux que l'on se l'imagine, la confiance prend alors l'ascendant et vous vous permettez de faire de faire des folies.
A un moment je ne fais que déraper je ne comprend pas très bien ce qu'il se passe mais continue ma descente effrénée quand tout à coup je tombe à quelques centimètres du bord, mon coeur manque d'éclater dans ma poitrine, ma roue avant est avancée dans le précipice, mes jambes tremblent. C'est alors que je découvre que ma roue avant est complètement à plat, depuis combien de temps, je l'ignore.
Marine qui était derrière moi a freiné de toute ses forces sans résultats, en attendant la voiture qui ferme la route nous reprenons un rythme cardiaque normal. On me change mon pneu, on règle les freins de Marine et c'est repartit, cette fois nous allons moins vite et nous sommes plus prudentes.
Nous arrivons au pied de la montagne vers 15h, déjeunons et reprenons la voiture pour La Paz, je n'ai pas pu prendre beaucoup de photos car mon appareil était dans la voiture qui n'était casiment jamais avec nous.
Le guide a pris quelques clichés (d'une rare beauté) qu'il nous gravera sur un CD.
Le lendemain soir alors que je fumais une cigarette dans l'espace fumeur de l'hostel, Jack (anglais et ancien cycliste est venu s'installer à La Paz pour être guide dans la meilleure agence pour el "camino de la muerte") a commencé à travailler il y une semaine, nous avions discuté la veille.
Il arrive blême et s'assoit à côté de moi, je lui demande ce qu'il lui arrive, tremblotant il me raconte qu'aujourd'hui au travail il a vu trois morts. Il me décrit la scène, trois garçons ont pris un peu trop confiance et ont dévalé la montagne, quand une voiture est arrivée ils étaient positionnés sur le mauvais côté de la chaussée, elle en a percutée deux et le troisième est tombé…
(…)
Une crise d'angoisse m'accable, je ne peux ni bouger, ni parler. Je pense que je m'identifie à eux, il est si facile de tomber.
On me raccompagne à ma chambre, Marine dort déjà comme un bébé.
Mais pour assouvir notre soif d'adrénaline nous décidons quelques jours plus tard de faire du parapente !
Quand j'avais 11 ans j'en avais fait dans les Cévennes, j'en avais un souvenir de pure liberté et paisibilité quelque chose d'apaisant et à la fois terrifiant au début. Je voulais réitérer l'expérience, ce fut en effet exactement ce que je ressentis de nouveau, mon sentiment d'enfant resurgissait intact après 12ans.
Marine ayant le vertige était paniquée au début, elle en a même oublié de courir pour s'élancer ! Nous avons voler côte à côte pendant une trentaine de minutes, elle a par contre atterrit dans les buissons.
Après une quinzaine de jours (j'ai été atteinte à mon tour par les bactéries boliviennes et incapable de quitter mon lit pendant une bonne semaine, quand finalement un médecin est venu abréger mes douleurs intenses d'estomac. J'ai été incapable d'avaler quoi que ce soit sans être plier de douleurs…) nous décidons de quitter La Paz et nous rendre au fameux Lago Titicaca !
Victor est partit depuis maintenant une semaine, Tim et Matt aussi, Pato reste travailler en Bolivie, nous voilà toutes les deux cela faisait bien longtemps !
Nous arrivons à Coppacabana le matin et décidons de nous rendre directement et dormir sur Isla del sol, petit paradis sur terre ! 



Nous dormons  dans une petite hospedaje nichée dans la montagne avec vue sur le lac, pour 30 bolivianos (3 euros).




Le soir, nous allons regarder le coucher du soleil en haut de la montagne, buvons une bière chez l'habitant puis allons diner avec la nena de l'auberge, une vieille dame extrêmement sympathique. Nous discutons avec deux danoises, ce soir là un orage stupéfiant s'abat sur la mer, les éclairs rose transpercent le ciel et la mer pour nous offrir un spectacle éblouissant !
Le lendemain nous décidons de toutes nous lever à 6h30 pour voir le lever de soleil.
Nous prenons un bateau pour nous rendre à la partie nord de l'ile, où évidemment nous allons nous promener dans la mauvaise partie, mais notre ballade nous offre du bon temps et l'avantage d'être les seules et non inondé d'un flot de touristes.






Il est temps de rentrer à Copacabanna trouver un bus qui nous emmènera à Cusco au Pérou, nous rencontrons par hasard notre VICTOR au terminal de bus !!! Nous allons faire la route ensemble !
Ce sera aussi le voyage le plus chaud de notre voyage, il y avait un dérèglement du chauffage, nous avons voyagé 12h dans une chaleur égale à 40 degrés nous n'avons pas pu dormir du tout…
A bientôt pour nos aventures Péruviennes !

mercredi 11 juin 2014

Salta (et ses régions)

Je suis en train de lire un nouveau livre "Ce qu'il advint du sauvage blanc" de François Garde, comme à mon habitude je souligne, annote, gribouille quand un passage me plait ou non. Quand il me touche, me parle ou me fait réagir. Je vais vous partager un passage qui m'a particulièrement plus; "… Voyager est un métier, non un loisir. Je n'ai pas compris tout de suite, ni même la première année, la force et la justesse de cette remarque . Mais combien ensuite j'ai approuvé la valeur de cet aphorisme ! Il m'a fallu apprendre, humblement, à voyager les yeux ouverts, à me tromper beaucoup, à être trompé souvent, à perdre du temps pour en gagner, à rester immobile pour observer le mouvement de la vie. Vous même, qui avez voyagé plus et mieux que moi, savez tout cela, et savez également que chaque voyageur doit commencer comme apprenti : nul ne saurait faire l'économie de cette initiation."
Ce passage, qui se trouve au début du livre m'a particulièrement marqué. Je l'ai trouvé particulièrement juste. Et me suis dit que le partager avec vous, vous montre un peu plus ma vision du voyage. 
Voyager est un apprentissage permanent, un apprentissage de tous les jours, sur vous même, sur ceux qui vous entourent, sur les cultures et les valeurs. Voyager n'est pas toujours simple, car il engendre en vous une remise en question profonde de tout ce que vous avez pu croire juste ou vrai jusqu'à présent. Vos valeurs, vos envies, vos besoins se retrouvent bouleversés car vous vous ouvrez à de nouvelles perspectives. Le voyage vous change profondément.
Je suis un peu hors sujet je devrais plutôt vous raconter nos aventures, mais ne vous inquiétez pas j'y viens, en tout cas si l'envie vous prend de partager votre vision du voyage je serais ravie d'en parler avec vous…

Nous quittons Iguazu le dimanche 18 mai (anniversaire de ma soeur adorée) à 21h pour une dizaine d'heures de bus jusqu'à Corrientes, où nous avons prévu d'aller au parc naturel d'Iberia, florilège de faunes et de flores.
Nous arrivons aux alentours de 6h du matin, la gare n'est pas très rassurante, tout est fermé, nous allons de guichets en guichets pour nous renseigner de comment se rendre à Carlos Pellegrini (pour le fameux parc), après une multitude de "je l'ignore", "allez voir au guichet là bas", et autre non-réponse nous finissons par trouver un homme qui nous explique qu'il faut prendre un premier bus de 3h jusque mercedes, puis un autre bus qui nous amènera jusqu'au petit village. Mais qu'il ignore si à Mercedes les bus circulent tous les jours, il n'en est pas sur…
Bref, l'aventure… Nous décidons de ne pas tenter l'expérience, et de ne pas gâcher notre argent pour un bus qui n'existe peut être pas. 
Notre décision est de partir directement pour ce qui devait être la prochaine destination ; Salta ! Il y a un bus mais il part le soir à 18h. Nous avons 12heures à attendre… Sachant que nous n'avons pas vraiment dormi, la journée s'annonce interminable…

Après quelques minutes de réflexion, nous décidons de partir pour le centre. Nous fumons une cigarette pour nous remettre les idées au clair, quand un jeune homme nous demande si nous faisons la queue pour les taxis (nous prenons beaucoup de places avec nos sacs échoués sur le sol. Un réfutant, il entend mon accent et de là nous commençons à discuter. Il ne comprend pas vraiment ce que nous française faisons ici. Je lui demande des conseils, quel bus prendre pour se rendre au centre ville, nous finissons par partager un taxi. Un petite voiture grise pleine à craquer à cause de nos sacs respectifs. 
Avant de sortir du taxi il nous propose de venir déjeuner chez lui, on s'échange nos numéros, et nous continuons notre route, le chauffeur nous propose de nous montrer la ville en échange de 15 dollars, je lui réplique que 100 pesos sont largement suffisant, il accepte (ici c'est comme l'Afrique il faut savoir marchander un peu).

Le soleil se lève sur cette ville de 270 000 habitants la lumière bleu du petit matin devient dorée, les rayons du soleil luisent sur la mer. 



Le chauffeur est un peu bizarre, je sors de la voiture pour prendre des clichés de cette boule de feu qui s'élève au dessus de la mer. Je me suis toujours dit que les levers et couchés de soleil au dessus de la mer étaient les plus époustouflants. L'eau et le feu qui ne sont normalement pas asociales créaient ensemble un spectacle d'une rare beauté.


Quand je reviens pour remonter dans la voiture, elle a disparu… Plus de Marine, plus de taxi, rien, personne…. Je ne panique pas tout de suite, essaie de me raisonner. Je regarde partout, monte sur un muret pour avoir une vue d'ensemble, toujours rien. 
je cours d'un bout à l'autre.. "Marine aurait crié, m'aurait alerté, je n'ai rien, comment je vais faire" me dis je." 
Je vois au loin deux policiers, me met à courir comme un dératé, mon coeur bat la chamade. Au moment où j'arrive au niveau des policiers j'aperçois la voiture. OUF !
Je rentre, regarde Marine et demande pourquoi ils ont bougé sans m'avertir. J'apperçois qu'elle a sorti son spray au poivre (acheté à Iguazu en cas de problème). Nous demandons au chauffeur de nous déposer dans un café. s'en est trop… Il est étrange et vaut mieux ne pas prendre de risque.
Nous rentrons dans un petit café du centre, commandons un café et une media luna (qui est pour une fois délicieuse).
Nous y restons environ 5 heures, quand Hernan m'appelle et vient nous chercher pour aller déjeuner chez lui. Il est accompagné d'un ami. Il habite seul dans un petit appartement très mignon, nous mangeons des milanesas (spécialité d'ici, escalope très fine à base de viande de boeuf ou de poulet frites ou au four), nous les mangeons au poulet et frites. Hernan nous propose de prendre notre douche. Il est très intéressé par la France et nous pose une multitude de questions, nos habitudes, ce que nous mangeons…
Il est vite 17h et malheureusement nous devons partir. Pour une journée qui commença mal elle fut excellente.
Nous reprenons le bus pour 10h, je finis par m'écrouler d'épuisement.
Nous arrivons à Salta à 7h du matin, nous nous étions renseignées la veille pour les hostels,  nous avions vu qu'il y avait un Loki (hostel dont nous avions eu échos à plusieurs reprises, il y en 5 en amérique latine ; 3 au Pérou, un à La Paz et un en argentine qui est gratuit !), mais il se trouvait à 45 minutes de bus du centre de la ville… Un peu découragées nous nous laissons séduire par un représentant d'un hostel dans le centre qui propose une navette gratuite depuis la gare.
Nous y retrouvons les allemands rencontrés à Cordoba, ils sont sur le point de partir pour un road trip en voiture. 
L'accueil est très froid, l'homme qui y travaille ne se donne même pas la peine de nous montrer les lieux.
La cuisine est vetuste, il n'y aucun ustensile pour cuisiner… Seulement des marmites à la contenance démesurée et crasseuses comme il ne m'a rarement été permis de le voir, une épaisse couche de crasse nous décourage à toute tentative de cuisiner.
Nous partons sous la chaleur accablante en expédition.
C'est la première fois que nous nous sentons vraiment dépaysées ! La circulation me rappelle l'Inde, des coups de klaxons, les voitures ne prêtent aucune attention à ce qu'il se passe autour, mais seulement au fait de pouvoir être les premières dans ces rues étriquées.
De grands marchés couverts aux odeurs d'Afrique me replonge dans des souvenirs oubliés, les sacs d'épices émanent une odeur délicieuse, la viande en putréfaction sous la chaleur et les milliers de mouches autour de ces énormes morceaux de viandes, les couleurs des fruits et légumes biscornus que nous n'avons pas en France car le consommateur moyen préfère une pomme parfaitement ronde, une tomate totalement rouge ou encore une banane sans aucune tâche noir. Toutes ces imperfections me ravissent.
Pour le diner nous faisons de la soupe à l'oignon (soupe en poudre) et nous allons acheter des empanadas pour nous éviter de cuisiner.
Nous discutons avec deux bretons, qui vont vers le sud. Ils nous comptent leurs aventures péruviennes et boliviennes. Ils nous expliquent que l'altitude est difficile à gérer au début, brutaux maux de tête, impossibilité de se lever de leur lit… ( Notre première destination en Bolivie est Uyuni, ville à plus de 5000m d'altitude…) 
Nous nous étions jamais posé la question et ils nous effraient un peu. Ils nous donnent des conseils judicieux et nous allons nous coucher.

Le lendemain nous partons pour le Loki, 45 minutes de bus où nous rencontrons deux Danoises qui s'y rendent aussi.
Nous arrivons au milieu de nul part, l'endroit est entouré de montagnes. Il y a un grand bâtiment qui constitue l'espace commun, à l'extérieur une piscine et plusieurs petites maisons au loin sont les dortoirs.
Les lits son larges, les couettes blanches donnent l'envie de s'y lover.
Encore une fois nous retrouvons des têtes connues, deux Israeliens rencontrés à Iguazu, nous passons la soirée autour du feu, le froid s'est emparé du lieu, les flammes réchauffent toutes les âmes de ce lieu.
Le lendemain nous decidons de louer une voiture avec Eyal et Arad (les israéliens) et partons pour deux jours de road trip à travers la montagne. Il fait de plus en plus froid.

  
Après quelques heures nous nous arrêtons dans un boui-boui manger des Empanadas avec un rockeur Argentin, sa femme nous offre le dessert. Belle rencontre.

Eyal au premier plan, suivit de Marine et Arad

Les paysages sont spectaculaires et arides, le rouge de la roche se mélange au vert de la nature et aux nuages bas.





 A la nuit tombée  nous arrivons à El Cafayate petit village, le froid y est presque insoutenable. Nous dînons dans un petit restaurant loin de la place touristique, et rentrons regarder le dernier Game of Thrones tous ensemble.
Le lendemain nous repartons sur les coups de 10h, les rayons du soleil nous réchauffent. Nous ne pouvons pas prendre la route du retour car il y a des tempêtes de neige, la route n'étant que cailloux c'est impraticable et dangereux. Nous refaisons donc le même chemin mais cette fois ci sous le soleil. Nous nous arrêtons dans des endroits ignorés la veille. La magie des lieux nous laissent tous sans voix. Il y a des couleurs que nous ne pouvons pas voir dans notre nature Française.








Comme cet arbre, j'ai du m'y prendre à plusieurs fois avant d'être bien certaine que l'arbuste n'a pas été bombé à la peinture jaune
Nous arrivons au Loki autour de 17h nos copines danoises n'ont pas quitté le nid. La magie de cet endroit opère sur chacun, à l'origine tous là pour une nuit, au bout de trois, personnes n'a bougé.
La nuit est gratuite mais étant au milieu de rien les diners y sont "obligatoires".
Nous y rencontrons Patricio dit "Pato" qui va être notre compatriote de voyage pour les prochaines étapes de notre aventure et Martin son ami.
Cette nuit là nous faisons la fête jusqu'à tard dans la nuit, l'air est glacé tout le monde meurt de froid ce qui crée je pense l'envie de festoyer tous ensemble. Telle est de toute façon la réputation du Loki, bonne ambiance et fêtes endiablées. Le propriétaire des lieux est Allemand, tous les Lokis appartiennent à une bande de copains qui ont décidé d'ouvrir des auberges abordables un peu partout en Amérique Latine, une nouvelle auberge ouvrira ses portes d'ici peu à Buenos Aires, ça promet ! Ils ont réussi leur pari nous n'avons qu'une envie c'est de connaître les autres Loki.